─ L’argent… La richesse… La grande maison… La femme… Les enfants… Le Golden Retriever… Oui, parfois Jimmy rêvait de cela. Vivre l’ « American Dream ». Malheureusement, il ne venait pas d’un milieu favorable à cela. C’est un enfant qui a grandi dans la pauvreté, avec une mère malade puis qui a été balloté de famille en famille. Sa seule famille, c’était Kennedy. Jamais il n’a connu d’autres personnes qui s’intéressait autant à lui. Le plus beau jour de sa vie est, & restera à jamais celui où la brunette était venue lui parler pour la première fois. Il se souvint encore de ce jour, du sourire de Kennedy & de son regard, des petites bottes en caoutchouc qu’elle porta. TOUT. Tous les détails de cette scène restait dans sa tête. Jimmy aimerait vraiment vivre le grand rêve américain, mais il n’était pas dupe. Il se doutait que, pour les gens de son milieu, atteindre la prospérité n’était pas une mince affaire. Voilà pourquoi, le garçon vivait au jour le jour, sans penser au lendemain. Comme il l’a toujours fait d’ailleurs.

Lorsque Jimmy se coucha sur le lit, il demanda ce que Kennedy avait eu à faire de sa journée. Certes, elle se résumait principalement à des tâches ménagères, mais parfois, même si c’est pour ne rien dire, juste le fait de parler à Kennedy pouvait rendre Jimmy de très bonne humeur. Celle-ci répondit qu’elle avait refait des lit, surtout. Joe soupira : « Pfff, les lits c’est le moins énervant à faire… T’as toujours les meilleures corvées toi… C’est quoi ton secret ? Quoique, il y a eu un homme là, aujourd’hui, il était énervant, j’aurais aimé lui coller mon poing… Huumm, heureusement que je suis sage, moi ! » Sur ce, il se mit à rire. Soudain, Jimmy tilta, elle venait de parler d’un garçon, en soulignant qu’il était charmant. Thomas ? Jimmy ne connaissait pas; Apparemment, il était employé. Il faut dire que Jimmy n’était pas du genre à aller à la rencontre des gens, contrairement à Kennedy qui était on ne peut plus sociable. Il l‘admirait pour cela, parce qu‘elle allait vers les autres sans problème. « Qui est Thomas ? » demanda-t-il d’un ton très humble, sans qu’on puisse réellement deviner ses arrières pensées. Il n’avait jamais entendu parler de lui, en tout cas, il ne s’en souvenait pas. Il ajouta, d’un ton plus enjoué, plus curieux aussi : « Ton amoureux ? » En même temps qu’il fit ça, il s’était un petit peur relevé, puis s’était recouché sur le ventre, les jambes croisés, la tête du côté à Kennedy. Il avait les doigts croisés, de façon à poser son menton sur ses mains afin de tenir sa tête. Il portait toute son attention sur sa meilleure amie.

Joe commença à jouer avec une espèce de morceau de ficelle qui dépassait de la couverture sur laquelle les deux jeunes se trouvaient. Il la tripotait tranquillement. Il fallait toujours que monsieur Canterbury est quelque chose dans les mains avec quoi jouer. C’était un peu comme un tic. Soudain, son ventre gargouilla. La première fois, il tenta d’étouffer ce bruit sourd en coinçant sa main entre la couverture & son bidon. Il fit un sourire quand, en regardant son amie, il comprit qu’elle se demandait ce qu’il était en train de faire. Puis, la deuxième fois, même en essayant de faire le moins de bruit possible, son ventre gronda, gronda si fort que le bruit était semblable à celui d’un avion qui se crashait. « C’quoi le plat du jour au restaurant ? Tu devineras jamais quoi… J’ai faim ! » Ah non, ça c’était juste impossible à deviner ! XD Jimmy & Kennedy avaient trouvé une technique pour prendre les plats que l’on servait au restaurant, sans payer. Il suffisait de se faire passer pour un serveur, rien de plus compliqué pour des petits employés comme eux. Il se releva, restant à genoux & faisait mine de prendre des notes : « Alors, Mademoiselle la Baleine, puis-je prendre votre commande ? »

─ Le jeune homme fit une moue. C’est vrai quoi, lui, il se tapait les pires corvées qu’on puisse imaginer & elle, elle s’occupait la plupart du temps des chambres. Elle avait un truc, c’était certain ! « Mouais, dis-moi juste que tu n’as pas vendu ton corps au chef pour avoir les meilleures tâches ! » Ses mains se joignirent l’une à l’autre, comme s’il faisait une prière. Là, il parlait d’un cas extrême. Il plaisantait évidemment, ça se voyait dans son petit sourire & ses yeux remplis de malice ! N’empêche, il y avait une certaine discrimination hein xD C’était lui, le pauvre & l’innocent petit Jimmy Joe Canterbury qui était de corvée toilettes. Mais pourquoi es-ce que le sort s’acharne-t-il autant sur lui ? Que Diable a-t-il fait pour mériter ce châtiment ? (aa)

Jimmy prit un air tout à fait serein car Kennedy le rassura lorsqu’elle lui fit remarquer que ce n’était pas son amoureux. Ça le rassurait particulièrement parce que Jimmy surveillait beaucoup sa meilleure amie, & aussi, parce qu’il ne voulait pas qu’elle tombe sur n’importe qui… Il faut préciser que, même s‘ils n‘en parlaient pas tant que ça, leur promesse de mariage était belle & bien encore là. Si Kennedy trouvait personne avant qu‘elle ait dix-huit ans, ils se marieraient tous les deux. Ils n‘étaient que de jeunes gamins lorsqu‘ils se sont promis ça, mais ils étaient déjà si proche à cette époque là ! « Grosse bêta…Sse toi-même ! » ne put-il pas s’empêcher de répliquer en lui lançant une taie d’oreille dans la figure. « Je l’adorerais ? Peut-être, je verrais que je le rencontrerais  » continua-t-il sur un ton qui signifiait que la conversation à ce sujet-là était close. Il n’était pas persuadé qu’il s’entendrait tant que ça avec Thomas, mais il ne voulait pas en parler plus.

Jimmy avait faim, son ventre en était LA preuve ! Pour bien manger sans dépenser le moindre sous, il fallait qu’il utilise sa technique machiavélique. S’introduire parmi les serveurs, faire passer une commande bidon, puis repartir avec les plats lorsque les cuisiniers les ont gentiment préparé. Il ne fallait pas que quelqu’un apprenne pour leur petite magouille, sinon, ils risquaient gros ! L’un, comme l’autre. « Côtes levées ? Beuurk, y avait déjà ça l’autre jour. Autant prendre un steak-frite hein ! » Jimmy adorait manger gras & salé, bien que Kennedy lui ait reproché qu’il fallait qu’il mange plus équilibré & moins de viande. C’est bien le discours d’une végétarienne ça ! Après que Kennedy, avec sa voix de bourgeoise milliardaire, eût passé sa commande, Jimmy prit le même ton, la regarda avec un air un peu hautain : « Humf ! C’est comme si c’était fait Milady. Je suppose que vous voudriez une coupe de champagne pour accompagner le tout ? » Il attendit son approbation, puis s’en alla en direction du restaurant. Arrivé là-bas, il observa un instant la salle, pleine à craquer. Puis Jimmy entra, passa par les cuisines pou rejoindre le vestiaire des employés. Il prit dans un chandail spécifique aux serveur, un tablier & enfila le tout à la va-vite. Il avait un peu la dégaine d’un serveur qui aurait pris une cuite, mais à part ça, il se fondait très bien dans la masse. Il fit un tour de la salle. Oui, juste un tour comme ça, un tour à vide, sans prendre de commande. Puis revint avec le petit carnet où les serveurs inscrivaient les choix des clients, sur lequel il avait ajouté sa commande & celle de Kennedy. Il avait même écrit qu’il voulait que les feuilles de la salle ait une taille inférieure à cinq centimètres. Une dizaine de minutes plus tard, leur commande arriva enfin. Jimmy prit les deux assiettes recouvertes de cloches dans lesquelles se trouvait leur repas. Il prit bien la peine de vérifier qu’on ne l’observait pas pour quitter le restaurant, tel un voleur.

Cinq minutes plus tard, il entrait dans le même petit local où se trouvait Kennedy. Il posa son assiette à lui sur leur « petit nid douillet », puis, pour servir convenablement MADEMOISELLE, il fit une belle & voluptueuse révérence. « Si Milady veut bien se donner la peine, je lui ai apporté son repas. Salade du chef sans anchois, avec cretons & petites feuilles. » Il lui posa son assiette juste devant elle avec un grand sourire. Jimmy s’assit en face d’elle & enleva la cloche en alu de son assiette, découvrant ainsi de magnifiques frites couleurs pailles & une belle pièce de bœuf avec une petite feuille de salade pour orné ce morceau de chair. Les yeux de Joe pétillait. Il avait hâte de pouvoir enfin savourer cette chair bien tendre, tout à fait délicieuse. Il distribua les couverts qu’il avait piqué au passage & commença à découper sa viande : « J’ai déjà prévu le repas pour le mariage. Ce sera un spécial Pomme de Terre, tu vois ? Mais des pommes de terre cuisinées en plein de plat : à l’eau, à la vapeur, au micro-onde, en frite, en chips, en pomme-noisette, en rissolée… » Il énuméra encore une longue liste, puis se mit à rire. Il était parti dans son délire, ça se sentait qu’il était temps qu’il mange. Enfin, il était bien content de croquer dans ce délicieux mets. Soudain, alors qu’il mâchait un gros morceau de bœuf qu’il avait dans la bouche, il s’exclama : « Crooootte ! J’ai oublié le champagne ! »