Joe & Melinda (a)

─ La pause. Qu’elle dure vingt minutes ou deux heures, Jimmy s’arrangeait pour en profiter pleinement. Le travail qu’on lui donnait n’était pas de tout repos, loin de là. Ça ne l’intéressait pas spécialement de faire des lits ou de laver les ponts du bateau, mais lorsqu’il s’était engagé, il savait ce qui l’attendrait en matière de boulot. Généralement, Joe profitait de ses pauses pour retrouver Kennedy, à qui il avait toujours plein de choses à raconter. C’est vrai, ils se séparaient deux petites heures, voire moins parfois, lorsqu’ils se retrouvaient, il trouvaient toujours des petites histoires, idiotes pour la plupart, à lui débiter avec un sourire monstre. La pause du midi arriva. Celle-ci durait plus longtemps que n’importe quelle autre pause, pour permettre aux employés tels que lui de prendre le temps de manger & de bien mâcher chaque aliment, ainsi que de reprendre des forces pour l‘après-midi de dur labeur qui se préparait à arriver. Ne croyez pas que travailler sur un paquebot de croisière signifiait que tout le monde était en vacances ! Pas du tout, loin de là même.

Bizarrement, Jimmy chercha sa meilleure amie mais ne la trouva pas. Pourtant, il fit le tour des cabines, des étages, farfouilla dans la cale, dans les coins où l’on rangeait les draps car ils avaient l’habitude de s’y retrouver, mais nulle part il n’y avait la trace de la petite brunette. Tant pis. Il regagna le pont. Sur celui-ci, on sentait parfaitement le vent qui caressait le visage des occupants. Il y avait malgré tout un beau soleil, c’est certainement le fait qu’ils se trouvaient sur un océan qui faisaient que le vent soufflait malgré le soleil éclatant. Certaines personnes mangeaient sur les terrasses. C’était agréable de les voir sourire, de les voir rire, de les voir profiter du bon temps en famille. Jimmy, sur le pont, marchait d’un bout à l’autre. Il n’aimait pas se retrouver tout seul sur ce bateau, même en pleine journée. Pour une raison qu’il ne connaissait aucunement d’ailleurs. Peut-être qu’il avait l’impression d’être observé, que tous les regards étaient figés sur lui, que les gens de classe supérieurs le dévisageaient lorsqu’il passait près d’eux. D’habitude un peu solitaire ou du moins, très discret, sur ce bateau, en ce moment, il préférait être avec quelqu’un.

Sur le pont, Joe se distinguait assez facilement parmi la foule. Son visage comme son expression ne ressemblait pas à celles que les autres personnes arboraient sur leurs visages. C‘est sûrement pour cela que Kyleigh le remarqua aussi facilement au premier coup d‘œil. De son côté, une fois que la foule se dispersa un peu, il reconnut aussi la silhouette la brunette. Il eut le temps de voir son visage avant qu‘elle ne détourne la tête. Ce visage qui l‘avait troublé l‘autre jour, dans la cabine. Il ne l‘avait pas oublié. Ce visage était resté gravé dans sa tête & il était impossible de s‘en débarrasser. Il n‘hésita pas à s‘avancer vers elle pour venir à sa rencontre, étrangement d‘ailleurs. Il marcha & s‘arrêta juste à côté d‘elle. Il posa ses mains sur la barrière du pont du bateau, & regarda le paysage qui s‘offrait à eux : la mer. Tout était bleu, c‘était magnifique; On peinait à distinguer là où s‘arrêtait la mer & là où commençait le soleil. Pas un seul nuage à l‘horizon. Enfin, Jimmy déclara, l'air pâteux : « Ta croisière se passe bien Melinda ? » Il pensait encore que Kyleigh faisait partie des premières classes du bateau. D‘ailleurs, lui, de son côté, il avait omit de dire qu‘il n‘était qu‘un simple petit employé

─ Après que Kyleigh est indiqué ce qui lui faisait penser qu’il n’était pas un passager, Jimmy resta silencieux. Il lui lançait un regard, un peu comme celui d’un enfant venant de faire une bêtise qui se fait punir par ses parents. Il essayait de ne pas la regarder dans les yeux, même s’il ne pouvait pas s’en empêcher. Finalement, elle en conclut qu’ils avaient tous leur petit jardin secret. En disant cela, c’était évident : elle savait que Jimmy se cachait derrière une fausse identité. Bien sûr, il ne soupçonnait pas qu’elle lui mentait elle-aussi. Il la croyait si pure, si vraie. Même si, il était quasiment certain que ce n’était pas son vrai prénom. Un prénom ne fait pas une personne donc à la limite, ce n’était pas important. Malgré tout, Jimmy tenta une riposte : « Vous avez un jardin secret vous ? » Il la provoquait, c’était certain. Kyleigh était froide, glaciale même. Un vrai glaçon ! Une vipère même serait plus sympathique qu'elle ! Était-ce difficle pour elle de sortir rien qu’une petite fois une réplique à peu près sympathique ? Apparement, même le fait de sourire lui écorchait son pauvre visage angélique. Sur qui Jimmy avait-il bien pu tomber ? En tout cas, pas la femme qu’il croyait.

« Canterbury… » Dit-il lorsque Kyleigh voulut le savoir. Il l’écoutait attentivement tandis qu’elle blablatait à propos du fait que l’homme en question n’était pas son mari, mais qu’il pourrait le devenir éventuellement. La discussion n’allait apparemment pas continuer encore longtemps. C’était tellement tendu entre eux que Jimmy se demandait encore pourquoi il ne partait pas. D’ailleurs, quand son supérieur arriva, ça aurait pu être la bonne occasion pour filer en douce, mais il aurait eu l’air de quoi face à Kylie ? Ça ne lui aurait pas donné un air très intelligent en tout cas. Toujours dos à la mer, lorsque l’homme repartit, Joe préféra dire que c’était son père. Cette excuse était à peu près crédible n’est-ce pas ? Enfin… Kyleigh n’était pas dupe, loi de là d’ailleurs ! Elle constata qu’il y avait pas une grande ressemblance entre eux !

Jimmy leva les yeux au ciel. Qu’est-ce qu’il pouvait répondre ? Elle semblait ne pas vraiment apprécié la présence du jeune homme. Elle préférait le repousser en lui lançant des sarcasmes ? Très bien ! « Okay ! Ravi d‘avoir rencontrer une personne aussi sympathique que vous. On s‘appelle j‘espère… Ou pas ! » lança-t-il sans lui lancer le moindre dernier & minuscule petit regard, puis repartit droit devant lui. Il était déçu de partir. La première fois qu’ils s’étaient parlés, dans la cabine, c’était fort possible que Jimmy se soit fait de fausses idées. Quoiqu’on peut pas dire qu’ils aient eu une véritable discussion, mais le bref échange avait marqué notre jeune homme. Il avait été tellement obnubilé par la beauté & l’aisance que Kyleigh dégageait qu’il s’était imaginé qu’elle était quelqu’un d’autre, une fille plus chaleureuse. C’est donc avec une mine plus que déçue qu’il partit dans un autre coin finir sa pause. Il entra à l’intérieur du bateau, puis descendit à la cale, suivit un long couloir & arriva dans une petite pièce assez bruyante, c’était la laverie. Au moins, dans ce coin-là, il était certain que personne ne le trouverait. Puis le fait qu’il y ait les machines à laver en route faisait tellement de bruit qu’il ne pouvait plus s’entendre penser. Après avoir soigneusement refermé la porte, il s’assit sur une des machines à laver en route. Que c’était agréable ces petites vibrations #SBNAFF# ! Le jeune homme comptait finir sa pause dans cette sombre pièce.

De toute manière, il ne trouvait pas sa meilleure amie pour traîner avec elle durant cette pause, donc il n’y avait personne qui l’attendait & personne ne viendrait le chercher. Il commença à jouer avec des pinces à linge, trouver dans un petit panier à côté de lui. Il lançait celle-ci dans un espèce de petit sac-baluchon qui se trouvait accroché à la porte. Gare à la personne qui daignerait ouvrir cette maudite porte (a) Elle risquerait de se faire attaquer par un certain Jimmy ! « Pfff, mais qu’est-ce t’es nul Jimmy Joe Canterbury ! Moi qui croyais à une fille super, mmmh ! » Ronchonna-t-il, il s’en voulait surtout à lui-même d’avoir un peu trop rêver à propos de sa Melinda !

[ désolée, l'est nul de chez nul, de chez nul x( ]

─ Confortablement installé, Jimmy trouvait que les minutes étaient longues, longues… Très longues ! Il avait beau s’être trouvé un petit passe-temps, il s’ennuyait. Il était même presque pressé de retourner travailler, au moins, là, il y avait de quoi l’occuper. Jimmy était quelqu’un d’actif, qui avait du mal à rester longtemps à un endroit sans rien faire. Le seul avantage de la pièce dans laquelle il se trouvait, c’est que celle-ci était bien trop bruyante pour réfléchir. Or, il n’avait aucune envie de réfléchir !

Soudain, la porte s’ouvrit. Jimmy ne vit pas immédiatement qui s’était, car la personne qui entra avait apparemment un peu de mal & ses bras étaient chargés. En bon garçon, habituellement, Joe se serait précipité pour aider la gens qui venait, mais il vit soudain la tête de Kyleigh apparaître dans l’encadrement de la porte. Il soupira, pensant qu’elle l’avait suivi. Elle remarqua que c’était lui que lorsqu’elle se baissa pour ramasser le linge qu’elle avait fait tombé, en bonne miss Catastrophe. « C’est bizarre, j’ai croisé personne en descendant… » répliqua-t-il en croisant les bras… Quelle mauvaise foi ce garçon ! Bras croisés, jambes croisés, il écouta Kyleigh. Limite, il était en train de siffloter dans son coin ! De plus, la banale excuse de la miss n’expliquait en rien le fait qu’elle soit chargé comme un bœuf avec tout ce linge sale. Comme si elle lisait dans ses pensées, elle se rattrapa en disant qu’elle était venue en aide à une fille.

Kyleigh avoua enfin son vrai prénom. « C’est bien. » lança Jimmy tout aussi froidement que le faisait auparavant. Mais maintenant, il savait qu’elle ne s’appelait pas Melinda, mais bien Kyleigh. Il resta sur sa machine à laver comme sur son piédestal, regardant de haut la jeune femme avec son linge. Il n’avait pas l’intention d’y descendre pour l’aider, mais c’était plus fort que lui. Il n’était pas du genre à laisser quelqu’un dans le besoin donc, il sauta par terre & marcha doucement jusqu’à elle. Il se baissa & l’aida à ramasser le linge en le mettant dans un panier à côté. « Vous savez, j‘en ai pas besoin de vos excuses… J’ai trop peur que ça écorche votre si jolie figure. » lança-t-il ironiquement. Il ne faisait que lui renvoyer l’ascenseur, rien de plus, rien de moins. Au moins, ça prouvait qu’il n’était pas qu’un gentil petit garçon innocent (a). Puis, lorsque tout le linge fut dans le panier, il se releva & se rassit sur sa machine à laver ; cela devait lui donner l’air assez fin non ?

Puis, il s’adressa une nouvelle fois à Kyleigh, en lui faisant des gros yeux ; « Bon, vous avez déposé votre linge, vous n’avez pas à vous excuser… Vous faites quoi encore ici ?! Allez, ouste, ouste, j’aimerais finir ma pause tranquillement ! » Il fit en même temps un signe de la main pour qu’elle parte. Sans le vouloir, il avait précisé qu’il était en pause là, & donc, qu’il ne travaillait pas. Peut-être que Kyleigh n’y prêta pas attention, qu’elle ne comprit pas qu’il n’était qu’un employé, mais en tout cas, Jimmy ne se rendit pas bien compte de ce qu’il venait de dire. Il continuait de la regarder, l’air grave. On avait l’impression que Joe était un chien de garde, & Kylie une voleuse & que le chien de garde n’attendait que le bon moment pour attaquer la voleuse (a) Ce qu’il attendait, c’était juste que la demoiselle parte, qu’il puisse rester tranquille durant le quart d’heure qu’il lui restait.

Soudain, Jimmy eut comme un tilt. Un gros doute. Un énorme doute même. La porte en face de lui, la seule porte de la pièce était… Fermée… Rien d’exceptionnel hein ? Seulement, c’était le genre de porte qui ne s’ouvrait que de l’extérieur ! C’est pour ça que, tout à l’heure, le jeune homme avait pris soin de la fermer, sans trop la fermer (a) Mais là, la jeune femme n’avait pas dû être très délicate dans le feu de l’action. Sam, la voix tremblotante, demanda : « Rassurez-moi. La porte. Elle est pas fermée hein ? » Quel cauchemar ça serait de se retrouver enfermé avec Kyleigh pour Jimmy ! Avant, il aurait sûrement bien aimé. Mais maintenant qu’il connaissait un peu mieux les manières de réagir de la demoiselle, il n’était plus très chaud pour ça…

─ Honnêtement, en quoi cela pouvait-il intéresser Kyleigh de savoir que Jimmy sache danser & qu’il est peur des clowns ? À rien du tout ! Mais c’était histoire de commencer une conversation, car ils avaient l’air bien fins chacun de leur côté, à attendre le déluge. Heureusement, elle fit de même de son côté, en annonçant son surnom, le fait qu’elle danse en faisait le ménage & qu’elle chante sous la douche. Ce petit discours fit sourire le jeune homme. Son plan d’approche fonctionna à merveille, tout était parfait. Il resta un instant la regarder bizarrement quand même, les yeux plissés & le regard un peu pas net. Il recula sa tête en arrière, pour enfin déclarer avec un sourire malicieux : « Attend, attend, j’essaye de t’imaginer en train de danser le Tango avec un aspirateur… Humm, c’est pas triste ! » Il se mit ensuite à rire de bon cœur. Il ne fallait pas oublier que Jimmy n’avait pas encore dix-sept ans, qu’il était encore un petit peu gamin dans sa tête. Quoique, gamin était un bien grand mot, disons plutôt que Jimmy préférait vivre à fond ses derniers moments avant d’entrer dans le vaste & périlleux monde des adultes.

La température était insoutenable dans la pièce. En été, il faisait parfois le même genre de climat dans le sud des Etats-Unis, à New York même. Mais Jimmy avait grandi en Angleterre jusqu‘à ses seize ans & avait passé ses étés là-bas. Dans une ville comme Londres, on estimait qu’il faisait bon lorsque la température grimpait au-dessus des dix degrés. Été comme hiver, il y avait sans cesse des nuages qui recouvrait ce ciel & le soleil peinait à percer à travers ces masses gazeuses. On ne pouvait donc pas dire qu’il y avait des étés caniculaires, le climat était assez froid en réalité. C’est pour ça qu’une montée de chaleur perturbait un peu Jimmy qui vivait naturellement dans un autre milieu, plus humide. Mais il n’y avait pas d’issue pouvait faire office d‘aération, il fallait juste qu’ils supportent cela jusqu’à ce qu’on vienne les chercher ici. Il avait donc regagné sa place, à côté de Kyleigh. Celui-ci jeta un rapide coup d’œil à la miss qui venait de déboutonner un tout petit peu son chemisier. Mais timidement, il reporta ses yeux sur une machine à laver en face d’eux. Tsss, il ne voulait pas qu’on le prenne pour un voyeur non plus x)

Soudain, Kyleigh posa une étrange question à Jimmy. Elle demanda qui était la fille qui traînait souvent avec lui. Il ne s’attendait pas à ce qu’on lui demande cela, c’était très surprenant ! Joe marqua une frêle hésitation avant de répondre : « Kennedy ? Ma meilleure amie. Pourquoi ? Tu… Tu m’observes ? » demanda-t-il. En effet, il la suspectait de l’observer. Plus qu’il ne le croyait en tout cas. Suffisamment pour dire que Jimmy traîne souvent avec Kennedy en tout cas. S’intéresserait-elle vraiment à un petit employé ( quoique ça, elle ne le savait pas vraiment encore ) ? Cependant, il omit de lui préciser que cette fameuse Kennedy pourrait éventuellement devenir son épouse dans quelques semaines, si jamais elle ne trouve pas d’autre homme que lui avant son anniversaire. C’était une promesse qu’ils s’étaient faite étant gosse. Évidemment, c’est resté dans leur mémoire comme une trace indélébile. Kennedy & Jimmy étaient les meilleurs amis du monde, ils étaient faits pour rester ensemble toute leur vie, demeurés inséparable jusqu’à ce que la mort vienne pointer le bout de son nez… Ou de sa faucille ! « Tu es jalouse ? » Fit-il en riant, bien qu’au fond de lui, ça l’intéresserait de savoir si Kyleigh ressentait une certaine once de jalousie lorsque Kennedy se trouvait à proximité de notre Jimmy ! Cela révèlerait bien des choses au sujet de mademoiselle Stevenson.

Celui-ci avait toujours aussi chaud. Il se sentait gêné parce qu’il avait peur que, à force de transpirer, il finisse par sentir le bouc ! (a) Puis il se retenait de retirer sa blouse, étant donné qu’il n’avait pas grand-chose dessous. Il était vraiment temps que quelqu’un ouvre cette fichue porte, même si ce moment privilégié avec Kyleigh risquerait de prendre fin.

HJ ; mouhaha, pas tip-top, j'me rattraperais ; )

─ Jimmy était bien surpris que Kyleigh l’ait observé. Certes, lui c’était ce qu’ils f&aisait lorsque l’occasion se présentait. Le visage, la manière d’être de Kyleigh l’avait incroyablement troublé, au point qu’il cherchait toujours la jeune femme du regard, dans l’espoir de pouvoir l’admirer, la contemplait. Cependant, les premières fois, son regard fuyait lorsqu’il venait à croiser le sien. Maintenant, ce n’était plus vraiment le cas. Dès qu’il avait l’occasion, il ne quittait pas des yeux ceux de la brunette. Un rire s’échappa de la bouche de Jimmy lorsqu’elle affirma être une bonne observatrice. Sur ce point-là, Jimmy se révélait être tout à fait d’accord. Une bonne observatrice… Hum. La discussion continua, puis vint le moment où Jimmy demanda si mademoiselle était jalouse. C’était LA question, dont la réponse attisait la curiosité de notre jeune employé, impatient de l’entendre. Mais Kyleigh ne tomba pas dans le « piège », en répondant par une question, lui demandant si il aimerait. Celui-ci sentit ses joues légèrement rosirent, mais c’était à peine percevable par Kyleigh. Il fit juste un sourire, & la regarda d’un air malicieux. « Je suis avec elle. Juste avec elle. » Répondit-il simplement à la question de la demoiselle qui, tout d’un coup, sembla bien s’intéresser aux relations du jeune homme. Cet intérêt soudain fit frissonner notre matelot, qui relança la question : « & toi ? En dehors de ton fiancé, ou futur mari, tu es seule ? » Il n’avait pas oublié cet échange de tout à l’heure, concernant Aaron.

Soudain, une personne s’occupant du linge ouvrit enfin la porte. L’appréhension tout comme le soulagement était au rendez-vous. Après tout, depuis combien de temps étaient-ils enfermés tous les deux dans ce local si petit ? Malheureusement, même si c’était une vraie joie qui s’emparait de Jimmy, celle de pouvoir enfin sortir d’ici, une certaine appréhension demeurait en lui. C’était le moment où les deux jeunes devaient se séparer. Ils n’avaient plus aucune raison de rester ensemble, à discuter de ce qu’ils étaient, de ce qu’ils faisaient. Non, maintenant, chacun partirait de son côté, laissant le hasard décider de leur prochaine rencontre, si jamais il y a lieu. Mais l’arrivée de cette inconnue tombait bien, malgré tout.

Jimmy se releva, puis tel un gentleman, il tendit la main à Kyleigh pour l’aider à se relever. Une fois tous les deux sur pieds & une fois qu’ils quittèrent la laverie, le jeune homme baissa la tête, & regarda ses pieds, en laissant ses mains se toucher dans son dos. « Je, hum… Mon père m’attend, tu sais… » dit-il, un peu déçu de devoir la quitter si vite, maintenant qu’ils pouvaient goûter au parfum de la liberté & respirer normalement, profiter de l’air frais & discuter loin du bourdonnement incessant des machines à laver. Enfin discuter, non, ils ne le pouvaient plus vraiment. Mais Jimmy s’approcha de Kyleigh, calmement, & posa sa main sur sa joue. Ainsi, il constata qu’elle avait la peau aussi douce qu’il se l’imaginait depuis la première fois qu‘ils se sont vus. Puis, il lui fit la bise. Il osa. Une simple bise, un petit bisou déposé sur une joue, qui pouvait avoir une signification bien plus importante. Il lui gratifia un sourire, puis justifia en quelque sorte son geste : « Mon père risque sûrement de me tuer, je veux pas mourir sans avoir eu l’occasion d’embrasser une jolie fille.» C’est sur ces mots, puis après un petit clin d’œil qu’il s’en alla, sans se préoccuper de la réaction de Mademoiselle Stevenson. C’était genre la première fois qu’il avait ce genre de contact avec une femme qu’il ne connaissait pas, ou très peu. Mais après tout, Mélinda… Kyleigh, n’était pas n’importe qui pour lui, même si il n’était pas certain que ce sentiment soit réciproque.