Dans un coin des couloirs, on vit un bout de chevelure blonde passer en un éclair puis s'évaporer au loin alors que déjà la plupart de ces familles du bateau qui, pour la plupart, rentraient dans leurs cabines après une "bonne soirée" avec leurs gamins insupportables. Vêtue simplement d'une petite laine noire qui lui arrivait jusqu'au dessous des fesses, cette demoiselle, dans une détermination qui n'en laisserait douter aucun, déplissa légèrement sa robe courte qui ne lui recouvrait que la moitié des cuisses. It's midnight o'clock.

En fait, Sephora courrait après le temps libre qu'il lui restait encore. Non, en vérité, elle s'était endormie sur le lit de sa cabine en lisant un livre - oui oui, elle lit, si vous considérez que les magazines sont de la lecture et qui d'ailleurs se résument aux seules versions autome-hiver et printemps-été des magazines de modes - et ne s'était réveillé il y a à peine une demi heure. Je ne vous raconterais à la vitesse folle qu'elle a mit pour prendre sa douche, se coiffer, se maquiller, s'habiller et retrouver son sac à main dans son incroyable bordel. Mais maintenant, elle allait aussi vite que ses talons le lui permettaient à travers les couloirs de The Dreamer, cherchant en vain la boîte, ou au moins essayer d'entendre la musique lointaine qui s'échappait de ses murs. Mais rien à faire. Ici, tout se distinguait de New-York - encore heureux ma jolie, t'es sur en croisière là si t'avais pas compris-. Les couloirs s'entremêlaient comme un petit labyrinthe et le silence était plus lourd que tout alors que dans sa ville natale, on ne pouvait pas se rendre dans un endroit sans entendre le tapage nocturne des boîtes de nuits ou sans jamais tomber sur l'homme de votre soirée; celui qu'il vous fallait à tout prix.
Ce n'est qu'après avoir tourné, tourné et retourné dans ses couloirs aussi étroits que larges que Sephora aperçut au loin des lumières et une file d'attente pareille à celles que vous retrouvez quand vous vous rendez aux toilettes publiques et que vous avez une petite envie plus que pressante. Vous voyez le genre ? Mais au moins, à première vue - ou à première entente plutôt -, ici, il y avait de la bonne musique. La blondinette se pressa un peu plus jusqu'à doubler toute la file pour attendre avec deux garçons bien charmants. Le videur toisa la demoiselle, mais cette dernière lâcha un petit « je suis avec eux » tellement innofensif et charmant, que celui-ci ne put que la croire et la laisser passer, un sourire aux lèvres. Le mensonge est un bien vilain défaut ... Ouai, mais c'est tellement pratique !

Si les mecs de The Dreamer étaient carrément trop mignons,, - oh que oui ! - mieux valait espérer que, tout comme à New-York, ils ne seraient pas coincés. Sephora ne jugent que trop souvent sur les apparences et pour le moment, ils ne l'avaient pas pleinement satisfaite; de un, ils n'étaient pas aussi souriants et accueillants que chez elle et de deux, ils ne ressemblaient pas assez à ces américains "je m'en foutiste et je profite de la vie tant que je suis jeune". Heureusement que ces amis l'avaient suivis dans cette aventure, jusque dans le bateau, insouciants et toujours à rire avec elle. Mieux valait aussi que les l'équipage soient patients et tolérants, parce qu'avec toutes les conneries qu'ils risquaient de faire tous ensembles comme aux Etats-Unis ... Voyez la pagaille qu'ils risquaient de mettre sur The Dreamer; et d'après ce qu'on avait dit à la blondinette, mieux valait ne pas tomber sur le capitaine du navire, sinon, ils auraient sûrement droit à un retour simple à la nage jusqu'à New-York. x)

Quoi qu'il en soit, pour le moment, Sephora ne pensait plus qu'à faire la fête un peu ce soir-là parce que bon, on ne passe pas à des nuits de folies à ces nuits calmes typiquement touristique - si l'on puit dire - comme ça; il fallait un temps d'adaptation, de désintoxication oserons-nous dire même. La demoiselle passa au milieu de tous ces gens, de la plus grande majorité, des jeunes de son âge qui se déchaînaient sur le dance floor, avant de se rendre au bar boire un verre. Mais dans sa détermination, elle heurta un jeune homme blondinet. Le visage de ce dernier se peint d'un sourire pleins de sous-entendus avant de repartir sur la piste de dance après un petit clin d'oeil lancé à la hâte. « Oh oh .. ! » Regarde bien Sephora, ce soir, ce sera peut-être lui avec qui tu penseras la fin de ta soirée, - ou le début de ta nuit -.
Sephora venait tout juste d'atteindre le bar quand elle aperçue non loin et malgré les jeux de lumière une allure, une silhouette qu'elle ne connaissait que trop. La blondinette posa une main sur le comptoir avant d'inspirer profondément. Non franchement, combien pouvait-il y avoir de possibilité qu'il se trouva sur le même bateau qu'elle. Comment se pourrait-il, qu'après plusieurs années de séparation, ils pourraient se retrouvaient sur la même croisière, dans le même bateau, au même moment et au même endroit alors que ... Statistiquement, les chances étaient infimes que A. et S. puissent se retrouver ici. Quand bien même il y a plus de six milliard d'êtres humains sur Terre, comment le bon Dieu aurait-il pu, dans une sélection de quelques centaines de personnes, en réunir deux qui s'aiment sans doute plus que tout sur cette foutue planète ? Sephora cligna des yeux avant de faire signe au barman de lui servir un Cosmopolitan. Au moins, elle aurait vraiment une raison valable d'avoir des hallucinations.

Qu'est-ce qui pouvait bien pousser les gens à rester assis ici, dans une bonne discothèque surpeuplée, alors que tout autour, tout le monde se bousculaient pour aller danser. Sephora dévisageait un par un toutes ces personnes, pour la plupart des vieux - enfin, des personnes qu'elle considérait comme des vieux, genre la cinquantaine - qui rigolaient entre eux au bar ou qui mattait sans aucune réserve les danseuses où les petites minettes un peu mignonnes qui passaient devant eux. L'homme typique à barbe ou à moustache, avec quelques poils blanc en guise de cheveux, une petite calvitie naissante sur le haut de la tête, - ils devraient d'ailleurs mettre une kippa genre - et surtout, surtout, la chope de bière bien remplie : THE chope de bière ! x) Sur le comptoir, certains avaient déjà plusieurs verres alignés devant eux. Si Sephora avait voulu se bourrer la gueule se soir-là, au moins, elle ne serait certainement pas la première à prendre une grosse cartouche. Car déjà, la blondinette commençait à penser à commander un verre; en fait, elle réfléchissait surtout à quoi prendre : ou du moins à quoi prendre en premier. Cosmopolitan ou Vodka Tonic ? Au pire, elle aurait bien le temps de prendre les deux et plusieurs fois.

Mais Sephora avait déjà reporté son attention sur autre chose. Ou du moins sur ce garçon qui ne cessait de lui rappeler de vieux souvenirs qu'elle avait enfouit il y a de celà bien longtemps dans son subconscient. Bien sûr, si notre blondinette avait l'air un peu étourdie - ou carrément étourdie -, oubliait tout ce qu'on lui disait quasiment à l'instant même, elle était intelligente et n'était pas autant écervelée et distraite qu'elle ne le laissait paraître, elle avait par conséquent remarquer que ce garçon regardait également dans sa direction. Essayant de changer de pensées, la blondinette commanda un nouveau verre, pressant toujours un peu plus la serveuse qui se faisait attendre et qui ne tardait pas à se confondre en excuse tel un enfant qui se méfierait de ses parents après avoir fait une bêtise. Pourtant, Sephora n'était pas méchante pour un sous, oh que non ! Il ne fallait juste pas la provoquer. Et pour cause, on a tous entendu dans notre vie quelqu'un de notre entourage nous rabâcher; « caresse un chat, tu attrapes des puces. » Non .. Tu crois ? Mais la demoiselle ne savait que trop bien que dans son monde, tout le monde n'est pas franchement charitable avec tout le monde; nous ne sommes pas des modèles d'amabilité, mais nous avons le physique et la classe, ça compense. Ouai voilà, t'as compris !

« Adrian ? »

Sephora ne croyait pas une seule seconde que ce garçon puisse avoir prononcé son prénom. Elle avait beau cligner des yeux, ce merveilleux songe restait devant elle. Elle aurait eu beau se pincer, rien ne l'aurait réveillé en sursaut au beau milieu de la nuit après un mauvais rêve. Pourtant, c'était bien lui, toujours aussi grand, toujours aussi innocent, toujours aussi beau, toujours aussi .. Adrian. Quoiqu'il en soit, Lexie lui sauta dans les bras, serrant ses petits bras autour de son cou, vérifiant ainsi sûrement si finalement, il n'allait pas s'évaporer et la laisser seule comme une idiote au beau milieu de la boîte de nuit. Mais toujours il restait planté là. Sephora inspira longuement dans le creux de son épaule alors qu'elle l'étreignait toujours aussi "violemment", laissant ses narines s'emplir de ce délicieux parfum qu'elle aimait tant. C'est bon de se revoir ...

La musique ne résonnait pas aussi fort que Sephora l'avait voulu. A vrai dire, elle était sûrement mal habituée car chez elle, dans sa petite ville paradisiaque, même perdu au beau milieu de Central Park on pouvait toujours ressentir les vibrations de chaque note de musique. Mais ce soir-là, la blondinette se laissait aller d'elle même sur le son, dévisageant chacunes des personnes qui l'entouraient avant de jeter à nouveau tout son dévolu sur les quelques garçons de la salle, en particulier sur Adrian. Quand ce dernier tourna le regard une nouvelle fois vers elle, elle ne put s'empêcher de lui jeter un de ses plus beaux sourires, ceux qui ont toujours fait craquer ses parents quand elle avait besoin d'un peu de leur argent, ou plutôt un de ceux qui lui attirait à ses pieds la gente masculine qu'elle apprécie tant. Du genre ... ? Oui, mais ce soir, elle avait trouvé bien mieux à faire que de s'éclater avec le premier venu et comptait sûrement passer sa soirée avec son vieil ami. Ca faisait si longtemps ... Lexie ne se rappelait pas même la toute dernière fois où il s'était vu. A vrai dire, les séparations sont souvent trop douloureuses et elle a sûrement préféré oublier ces quelques moments de sa vie même s'ils comptaient beaucoup plus que toute autre chose.

« Arrf, mais si c'est moi =D Waouuùh, j'suis trop contente ! »

Toute en légèreté et en féminité. La voix de Sephora partit un bref instant dans les aiguës, une petite lueur espiègle scintillant dans ses yeux du genre « je t'abandonne pas maintenant ! ». D'innombrables mots, des phrases entières se bousculaient dans sa bouche, toutes voulaient et allaient sortir sans exception, mais la blondinette était tellement émue, qu'elle en oubliait presque de réfléchir -si ce n'était qu'aujourd'hui-. En réalité, Lexie ne tenait pas en place, elle avait envie de hurler son plaisir, de sauter partout jusqu'à épuisement total. Comme quoi, il en faut peut pour être heureux x) Mais les pensées de la blondinette furent écourtées par ce fameux barman à qui elle avait demandé son Cosmopolitan il y a .. pas même deux minutes. Dieux que le service allait vite ici ! Sephora trempa ses lèvres dans le cocktail rosé avant d'y soutirer une petite gorgée avec toujours ce sourire magique aux lèvres. Elle leva son verre comme dans une signe de victoire, cherchant le verre de son ami pour trinquer. Il fallait fêter ça comme il le fallait.

« A la nôtre ! » Un grand sourire se peint sur le visage de Sephora. Une joie profonde l'envahissait peu à peu quand le liquide s'écoulait dans son sang ou quand le rythme de la musique s'infiltrait sous sa peau. Sa grande humeur festive reprenait le dessus et quoique qu'elle puisse faire, elle se sentait prête à tout, à tout affronter : elle était carrément intouchable. Un peu comme quand vous êtes dans les bras de votre prince charmant, mais à un niveau beaucoup plus moindre; mais Sephora n'a jamais vraiment connu cette sensation là : d'être aimée et d'aimer en retour. Ses relations d'amour se réduisent majoritairement à quelques heures à son plus grand désespoir. Si on pouvait le dire, le seul petit ami qu'elle n'est eût jusqu'à présent, c'est les mecs en général. Mais à son compte, ce soir là, rien ne pouvait la démoraliser tellement ces retrouvailles lui faisaient plaisir. Tout le monde il est content et tout le monde il est gentil x)

« Baah alors, raconte-moi, qu'est-ce que tu deviens ? »

Et dire qu'il y a seulement quelques jours, elle embarquait sur The Dreamer, quittant sûrement définitivement New-York où elle avait vécu les meilleurs moments de sa vie avec Adrian. Car il fallait l'avouer, si elle essayait de vivre au jour le jour et de laisser le passé à sa place, elle avait tout de même quelques regrets à dire au revoir à ses derniers souvenirs qui la rattachaient encore à son ami. Qui aurait pu prédire un tel destin ? Sûrement pas dieu en tout cas.